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Et si l’ordre d'introduction des aliments comptait plus que tu ne le crois ?

  • Photo du rédacteur: Nancy Croteau
    Nancy Croteau
  • 5 nov.
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 1 heure

enfant dans chaise haute


Pourquoi la manière d’introduire les aliments solides vers 6 mois peut influencer l’acceptation et réduire le risque d’allergies

L’introduction des aliments solides est souvent présentée comme une « checklist » :

✅purée de carottes

✅compote de pommes

✅céréales pour bébés

 

Et si c’était plus qu’une simple question de quoi donner ?

Et si l’ordre dans lequel tu introduis les aliments pouvait changer la façon dont ton bébé acceptera — ou rejettera — certaines saveurs… et même influencer son risque d’allergie ?

 

Spoiler : oui, ça compte. Et pas qu’un peu.

 


Quand le retard d’exposition et la stérilisation rendent malade

Pendant des années, on a conseillé d’attendre pour introduire les aliments allergènes (œufs, arachides, poisson…). Résultats : une génération d’allergiques.

 

Aujourd’hui, la science dit exactement l’inverse.

 

Les recherches montrent qu’introduire tôt — autour de 6 mois, mais pas avant 4 — et de façon récurrente des petites quantités d’aliments, comme les œufs ou les arachides, peut réduire le risque d’allergies [1, 2, 4, 5].

 

Pourquoi ? Parce que le système immunitaire du bébé apprend, à ce moment précis, à tolérer plutôt qu’à réagir. En retardant trop, on augmente le risque de confusion : le corps ne reconnaît plus ces aliments comme « amis », mais comme « ennemis ».

 

C’est un peu le même principe avec la stérilisation excessive. De plus en plus d’études et de chercheurs, comme Finlay et Arrieta [8], s’interrogent sur le rôle de l’aseptisation dans la formation d’un microbiote faible, qui rend l’intestin plus perméable et plus enclin à surréagir aux éléments nouveaux.

 

Dès 4 mois, plus besoin de tout stériliser ou de désinfecter tout ce qui touche de près ou de loin à bébé. L’exposition graduelle aux microbes du quotidien aide ton bébé à bâtir un système immunitaire (dont un microbiote) fort et diversifié.


  

L’ordre des saveurs façonne le goût

Avant même de parler d’acceptation des aliments, il faut savoir que le lait demeure la source principale d’énergie des nourrissons : il comble 100 % des besoins à 6 mois, 75 % à 9 mois et encore environ 50 % à 1 an.

 

À 6 mois, bébé n’a donc pas besoin de plus de calories — il a besoin de fer et de stimuler ses papilles. Le fer va provenir principalement des céréales pour bébés et des viandes. C’est seulement après l’introduction des céréales et des protéines animales et végétales qu’on introduit les légumes et les fruits, et enfin les produits laitiers.

 

Bébé développe ses préférences gustatives dès les premières bouchées — un apprentissage qui commence déjà dans ton ventre, et que l’allaitement continue d’enrichir.

 

L’introduction des saveurs influence aussi ses préférences gustatives à long terme. Puisque les bébés ont une prédisposition à favoriser les saveurs sucrées et salées et à rejeter les saveurs amères surtout retrouvées dans les légumes, il est donc important de diversifier les fruits et les légumes qu’on fait goûter à son bébé. Lui proposer plusieurs fois les mêmes aliments l’aide à développer et à élargir ses goûts [3, 6, 7]. Ainsi, plus son alimentation sera variée et plus il goûtera à ces aliments et plus il sera ouvert à goûter à de nouvelles saveurs. Cela permettra à son goût de se développer et à favoriser une saine alimentation sur le long terme.

 

En gros : variété et répétition favorisent une meilleure santé à long terme.

 


Non, il n’y a pas d’ordre parfait d’introduction des aliments

Tu vas peut-être lire des listes ultra-précises du genre :

« Jour 1 : carottes. Jour 2 : patate douce. Jour 3 : banane. ».

Oublie ça !

 

Ton bébé n’a pas besoin d’un protocole militaire.

Il a besoin d’une expérience gustative cohérente, variée, et détendue.

 

Pas de stress, toutes les calories sont fournies par le lait. Bébé explore, joue, découvre — et toi, tu observes, accompagnes… et nettoies !

 

« Chaque bouchée est une découverte. Chaque saveur, une leçon de confiance. »

 

L’ordre compte, oui — mais pas parce qu’il faut « cocher des cases ».

Il compte parce qu’il crée une mémoire du goût et de la tolérance.

 

Alors au lieu de suivre un plan tout fait, observe ton enfant.

Expose-le doucement à différentes textures, saveurs et allergènes (sous supervision professionnelle au besoin). Et surtout, fais confiance à sa curiosité et à sa réponse naturelle aux signaux de faim et de satiété.

 

Le partage des tâches parents-enfant, ça te parle ?

Je t’en parle dans mon article de blogue « À chacun son rôle, même dans la chaise haute : l’alimentation en famille ».

 


En résumé

  • L’ordre d’introduction des aliments influence le goût et la tolérance immunitaire.

  • Introduire les allergènes tôt et progressivement (œuf, arachide, poisson…) peut réduire le risque d’allergie [1, 2, 4, 5].

  • La variété des saveurs et la répétition favorise une meilleure acceptation de nouveaux aliments [3, 6, 7].

  • Il ne s’agit pas d’un « ordre parfait », mais d’un apprentissage sensoriel et émotionnel.

 

 

Le mot de la nutritionniste

Ton rôle n’est pas de suivre un mode d’emploi.

C’est d’accompagner ton bébé à découvrir le vrai goût des aliments, sans peur, sans rigidité.

 

Parce que manger, c’est d’abord une histoire d’amour et de curiosité — pas de règles à cocher.




Et si on en parlait ensemble ?

Tu te demandes par où commencer pour introduire les aliments solides ?

Tu veux savoir comment favoriser la tolérance, éveiller le goût et réduire le risque d’allergie — sans te compliquer la vie ?

Ou simplement t’assurer que ton bébé reçoit ce dont il a besoin, à son rythme ?

 

Prends rendez-vous pour une consultation :

Ensemble, on mettra en place une approche simple et adaptée pour aider ton bébé à découvrir les aliments avec plaisir — et construire des bases solides, saines et joyeuses dès les premières bouchées.





Bibliographie scientifique

  1. Du Toit, G. et al. Randomized Trial of Peanut Consumption in Infants at Risk for Peanut Allergy. New England Journal of Medicine, 2015. https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa1414850

  2. Perkin, M. R. et al. Randomized Trial of Introduction of Allergenic Foods in Breast-Fed Infants. New England Journal of Medicine, 2016. https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa1514210

  3. Mennella JA, Nicklaus S, Jagolino AL, Yourshaw LM. Variety is the spice of life: strategies for promoting fruit and vegetable acceptance during infancy. Physiol Behav. 2008 Apr 22;94(1):29-38. doi: 10.1016/j.physbeh.2007.11.014. Epub 2007 Nov 21. PMID: 18222499; PMCID: PMC2734946. https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC2734946/

  4. Burgess JA, Dharmage SC, Allen K, Koplin J, Garcia-Larsen V, Boyle R, Waidyatillake N, Lodge CJ. Age at introduction to complementary solid food and food allergy and sensitization: A systematic review and meta-analysis. Clin Exp Allergy. 2019 Jun;49(6):754-769. doi: 10.1111/cea.13383. Epub 2019 Apr 3. PMID: 30861244. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30861244/

  5. Ferraro V, Zanconato S, Carraro S. Timing of Food Introduction and the Risk of Food Allergy. Nutrients. 2019 May 21;11(5):1131. doi: 10.3390/nu11051131. PMID: 31117223; PMCID: PMC6567868. https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC6567868/

  6. Mennella JA. Ontogeny of taste preferences: basic biology and implications for health. Am J Clin Nutr. 2014 Mar;99(3):704S-11S. doi: 10.3945/ajcn.113.067694. Epub 2014 Jan 22. PMID: 24452237; PMCID: PMC3927698. https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC3927698/

  7. Mennella JA, Nicklaus S, Jagolino AL, Yourshaw LM. Variety is the spice of life: strategies for promoting fruit and vegetable acceptance during infancy. Physiol Behav. 2008 Apr 22;94(1):29-38. doi: 10.1016/j.physbeh.2007.11.014. Epub 2007 Nov 21. PMID: 18222499; PMCID: PMC2734946. https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC2734946/

  8. Finlay, B. B. & Arrieta, M. C. Les microbes, nos alliés : arrêtons d’aseptiser nos enfants. Trécarré, 2018.

 
 
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