Carence en fer durant la grossesse : un impact insoupçonné.
- Nancy Croteau
- 4 nov.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 30 minutes

Le lien caché entre la carence en fer durant la grossesse et les troubles du développement chez l’enfant
On parle beaucoup du poids des femmes enceintes — de ce qu’elles mangent, de ce qu’elles devraient éviter de manger ou de boire — mais rarement de ce qui compte vraiment : la qualité des aliments ingérés et de l’importance de combler les besoins nutritionnels accrus durant la grossesse.
Parce que pendant que la société, ta famille (ou même ta belle-famille !) te scrute le ventre, les cuisses, les fesses, les joues, alouette; ton corps, lui, travaille comme une véritable usine à miracles. Et pour fabriquer un petit trésor humain, il a besoin de matières premières — notamment du fer.
Et quand ce fer manque, ce n’est pas juste toi qui te sens épuisée. C’est aussi ton bébé qui peut, bien plus tard, en payer le prix.
Les conséquences de la carence en fer
On minimise souvent la fatigue de la grossesse : « C’est normal, tu es enceinte. »
Mais une fatigue persistante, des étourdissements ou des palpitations, ce n’est pas juste « normal ». Ce sont parfois les premiers signes d’une carence en fer.
Chez les femmes enceintes, la carence en fer — même sans anémie manifeste — est fréquente, elle peut être présente dans plus de 50 % des grossesses [1]. Elle est malheureusement liée à des issues obstétricales défavorables : prématurité, faible poids à la naissance, croissance intra-utérine ralentie [2].
Mais au-delà de ces effets bien connus, des chercheurs ont observé que le manque de fer pendant la grossesse peut aussi influencer le développement cérébral du fœtus, augmentant le risque de troubles d’apprentissage, de concentration ou de comportement à long terme [4,6].
Une vaste étude suédoise menée auprès de plus de 500 000 enfants a même révélé que l’anémie maternelle diagnostiquée avant 30 semaines de grossesse était associée à un risque accru d’autisme, de TDAH et de déficience intellectuelle chez l’enfant, comparativement à une anémie plus tardive ou à l’absence d’anémie [3].
Les habitudes alimentaires en cause

Parmi les principaux facteurs en causes d'une carence en fer : une baisse marquée de la consommation de viande rouge, parfois jusqu’à l’adoption d’un régime végétarien ou végétalien. Chez les Québécois, cette baisse est de plus de 35 %.
Depuis 1980, le végétarisme est passé d’un phénomène marginal à une pratique adoptée par environ 6% de la population québécoise. Les préoccupations environnementales poussent les gens à éviter la consommation de produits animaux, dont la viande rouge. De plus, l’augmentation du surpoids et de l’obésité au sein de la population a mené la santé publique à transmettre des messages de promotion au sujet de santé cardiovasculaire suggérant à la population de limiter leur apport en gras et de faire attention aux calories ingérés.
Résultat : beaucoup de femmes enceintes ont réduit leur consommation de produits animaux, parfois sans réaliser qu’elles se privent de nutriments essentiels comme le fer.
Qu’on se comprenne bien, le végétarisme n’est pas une condamnation à l’anémie, mais, il demande une attention particulière. Je m'explique.
L’absorption du fer végétal varie de 1 à 5 % selon la composition du repas, et peut grimper jusqu’à 15 % quand le corps est en manque — une belle preuve de son adaptabilité ! — tandis que le fer hémique (présent dans la viande) est absorbé à un taux de 15 à 35 %. Autrement dit, il faut parfois ruser un peu plus dans l’assiette.
Le vrai message derrière le fer
Le fer, ce n’est pas qu’un minéral : c’est le symbole même de la force vitale. C’est lui qui transporte l’oxygène, qui nourrit et développe le cerveau, le système sanguin et les organes du bébé à naître.

Dans le cerveau en développement, le fer est essentiel pour :
la neurogénèse et la croissance neuronale (mémoire, apprentissage) ;
la myélinisation (protection et vitesse de transmission nerveuse) ;
la synthèse des neurotransmetteurs, notamment la dopamine et la sérotonine [4,5].
Quand le fer manque, ces processus sont perturbés, provoquant des altérations persistantes des circuits cérébraux [4].
En résumé
La carence en fer durant la grossesse est fréquente et souvent silencieuse.
Elle est associée à des issues obstétricales et neurodéveloppementales défavorables.
Le cerveau fœtal est particulièrement vulnérable pendant des périodes critiques de son développement.
Et certains modèles alimentaires trop rigides peuvent masquer les vrais signaux du corps.
Mon message à toi, future maman
Tu n’as pas besoin d’être parfaite.
La maternité n’est pas un concours de celle qui prendra le moins de poids ou de celle que « ça ne parait pas de dos qu’elle est enceinte » !
Tu n’as pas besoin de suivre un plan alimentaire rigide.
Tu as besoin d’être à l’écoute, de faire équipe avec ton corps, pas de le contrôler.
Parce qu’au fond, ce n’est pas en te privant que tu protèges ton enfant.
C’est en te nourrissant pleinement — dans tous les sens du mot.
Et si on en parlait ensemble ?
Tu veux savoir si ton apport en fer est suffisant pendant ta grossesse ?
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Bibliographie scientifique
Benson AE, Lo JO, Caughey AB. Iron Deficiency and Iron Deficiency Anemia During Pregnancy—Opportunities to Optimize Perinatal Health and Health Equity. JAMA Netw Open. 2024;7(8):e2429151. doi:10.1001/jamanetworkopen.2024.29151. https://jamanetwork.com/journals/jamanetworkopen/fullarticle/2822546
Georgieff MK. Iron deficiency in pregnancy. Am J Obstet Gynecol. 2020 Oct;223(4):516-524. doi: 10.1016/j.ajog.2020.03.006. Epub 2020 Mar 14. PMID: 32184147; PMCID: PMC7492370. https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC7492370/
Nonacs R. Iron-Deficiency Anemia During Pregnancy Affects Child’s Brain Development. MGH Center for Women’s Mental Health, 2019. https://womensmentalhealth.org/posts/iron-deficiency-anemia-during-pregnancy-affects-childs-brain-development/
Radlowski EC and Johnson RW (2013) Perinatal iron deficiency and neurocognitive development. Front. Hum. Neurosci. 7:585. doi: 10.3389/fnhum.2013.00585. https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fnhum.2013.00585/full
Zhao Z, Shi Y, Sun M and Wang B (2025) Effects of prenatal iron deficiency on neurological development and related disorders in offspring. Front. Nutr. 12:1637398. doi: 10.3389/fnut.2025.1637398. https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fnut.2025.1637398/full
M. K. Georgieff, “The Importance of Iron Deficiency in Pregnancy on Fetal, Neonatal, and Infant Neurodevelopmental Outcomes,” International Journal of Gynecology & Obstetrics 162 (2023): 83–88. https://obgyn.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/ijgo.14951


